Philippe Leconte : aux origines de la Cie des Syrtes...

Philippe Leconte est Président de l'Association depuis sa création en 1983 ! Lien d'amitié indéfectible, cet amoureux des lettres nous raconte pourquoi les Syrtes...

"Certes, il y eut les planches du Cours Simon (le vrai, l’ancien, le décrépi, celui du Boulevard des Invalides, celui qui sentait la cire à bon marché et la poussière, celui dont les planchers craquaient et les escaliers grinçaient). Certes, il y eut les tournées, les voyages, les galères. Certes il y eut les Confluences, les Quatre chemins, le Théâtre Poème et le Marie Stuart. Mais la vraie rencontre avec les Syrtes et avec Corinne, ce fut au début des années 80 sur les bancs de la Sorbonne (la vraie, l’ancienne, celle des amphis qui sentaient la cire et l’encaustique, celle dont les planchers craquaient et les escaliers grinçaient). Julien Gracq et son Rivage des Syrtes était au programme de l’agrégation et ce fut en auditeurs libres que nous suivîmes les cours de Marius-François Guyard et de Jean-Pierre Richard. Ces illustres pointures de la littérature comparée et de la critique thématique ne se doutaient certainement pas que dans l’assistance se trouvaient deux passionnés qui allaient passer sous le signe des Syrtes d’un Rivage à une Compagnie. En revanche, le grand écrivain, lui, l’apprendra et s’en réjouira. Et bien vite il sera question pour les Syrtes de mettre en scène un certain "Le Roi pêcheur". Si le projet n’aboutit malheureusement pas, faute de moyens, il permit toutefois des échanges fort riches avec Julien Gracq. Et pour moi, la compagnie des écrivains, des penseurs et des poètes ne cessera jamais et orientera ma vie. Les rencontres les plus importantes resteront celle de Jacqueline de Romilly dont j’eus le privilège de devenir le secrétaire, puis celle, posthume, d’Yves Navarre auquel je consacre désormais tout mon temps et toute mon énergie en participant en tant que chercheur et rédacteur à l’édition des œuvres complètes de l’auteur."

Philippe Leconte, mars 2021

Photo : © Philippe Matsas